ASPECTS DE LA GUERRE 39-45 A NANGEVILLE : ARRIVEE ET DEPART DES OCCUPANTS EN 1940 ET 1944, RECENSEMENT DES CRIMES DE GUERRE
A – 16 JUIN 1940 : ARRIVEE DES ALLEMANDS
Dans le journal de marche du 56eme regiment d’infanterie en 1939/1940 (lien : https://www.reconstit.fr/blog/les-gros-plans/historique-du-56-ri/) il est indique qu’apres la campagne de mai/juin et un dernier combat a Champmotteux, le regiment tombe le 16 juin alors que des elements sont a Nangeville.
En voici un extrait :
La Division se porte sur l’Essonne, dont elle doit tenir les passages entre Le Bouchet (Vert-le-Petit 91710) et Mennecy.
Le régiment est harcelé, pendant la marche, par les tirs d’armes automatiques de fractions ennemies, mais la riposte de nos éléments obligent les Allemands à se retirer et le 56ème atteint Mennecy, entre 21h00 et 22h00.
Le Bataillon Rayneau qui marche en tête, a dépassé le village mais, au moment où le bataillon MITTLER s’y engage, les Allemands reviennent à la charge et s’infiltre dans la localité; il accueille le bataillon par un feu nourri. Le chef de bataillon fait contourner Mennecy par l’ouest et peut reprendre son itinéraire. Il arrive à Fontenay-le-Vicomte entre 23h00 et 24h00 où le régiment se trouve regroupé ayant perdu, en route, quelques éléments de la compagnie ROBIN.
La Cie H.R. a été fractionnée en deux tronçons : un convoi automobile groupant les trains du régiment et ceux du 89ème RI, sous le commandement du capitaine POIRIET, et un convoi hippomobile des deux régiments, commandé par un officier du 89ème. Le vétérinaire BLOT est à la tête du T.R. du 56ème. Après avoir quitté Drancy, elle a contourné Paris et, par Gros-Bois, au sud de Boissy-Saint-Léger et Fleury-Mérogis, elle est arrivée le 14 juin et peut ravitailler le régiment à Morsang, ce sera la dernière fois.
L’arrêt du régiment à Fontenay n’est que d’un heure. L’ordre est donné de se porter à BUNO-BONNEVAUX (91720). Les hommes sont harassés, la marche est lente. Buno-Bonnevaux est atteint entre 09h00 et 11h00, le 15 juin.
Mais déjà l’ennemi est signalé plus au sud. Sa pression devient toujours plus étroite; le régiment reçoit alors un nouvel ordre de repli. Celui-ci doit commencer à 18h00. Un nouvel ordre le fixe à 21h00.
Il s’agit, pour la Division, de se porter sur la Loire et de traverser concurremment avec les 13ème, 24ème DI et 4ème DIC, à Jargeau (45150) et Châteauneuf.
Le 56ème, suivi des deux autres régiments, arrive à CHAMPMOTTEUX (91150), où il lui est prescrit de stopper et d’organiser défensivement le village pour protéger le repli de la division.
Vers 19h30, les troupes motorisées ennemies, venant de la direction de Malesherbes, apparaissent à cinq cents mètres de la localité. Des chaines de tirailleurs se portent sur Champmotteux, appuyées par des auto-mitrailleuses. Une de celles-ci est incendiée.
Devant le bataillon MITTLER, les Allemands, après avoir progressé de quelques centaines de mètres, lèvent les bras. Le chef de bataillon s’aperçoit que l’ennemi, usant d’une ruse déloyale, se fait précéder de soldats français, prisonniers, les poussant sous la menace de mitrailleuses légères. L’ennemi est arrivé à cent mètres, à peu près, de notre ligne, le crépuscule tombe. Le commandant MITTLER fait lever ses hommes et, secondé par les lieutenants MANSON, LALLEMENT et BESSARD, il se jette sur l’ennemi en incitant les prisonniers à se coucher.
Les Allemands n’attendent pas l’abordage et s’enfuient. Poursuivis par les feux, une dizaine d’Allemands sont abattus, des prisonniers sont capturés. Interrogés, ils déclarent que tous les centres environnants sont tenus par des éléments cuirassés.
Le commandant de QUERCIZE fait néanmoins reprendre la marche vers le sud mais, arrivé à NANGEVILLE, il est avisé que les débris de la Division sont complètement encerclés.
Les effectifs sont réduits à une poignée d’hommes. Les compagnies ont un aspect squelettique. Depuis dix jours on marche, on se bat presque sans arrêt; la valeur combative est réduite à peu de choses. Les restes de la Division, encerclés depuis cinq jours par des unités rapides, manquant de ravitaillement, sont à bout de forces.
Ils tombent le 16 juin, au soir.
Les Allemands groupent leurs prisonniers dans la région d’Antony.
Le convoi automobile de la Cie H.R., évitant Malesherbes et Pithiviers, malgré quelques attaques ennemies, réussit à passer la Loire sous le bombardement aérien en laissant quatre voitures derrière lui.
B – 19 AOUT 1944 : DEPART DES ALLEMANDS
Recit de Roger Huet :
Depuis le 13 aout on remarquait une activite anormale des occupants : passages de colonnes de voitures hippomobiles, installation de veilleurs et d’armes sur les puits les plus eleves (Orveau). Les voitures circulant sur les routes etaient mitrallees par des avions allies. Les gares (Malesherbes) etaient bombardees par des avions anglais qui arrivaient par groupes d’une dizaine a la queue leu-leu et tiraient en pique avec une grande precision.
Le 17 au soir une colonne venant de Champmotteux venait vers Nangeville. Nous fumes surpris de voir qu’il s’agissait d’Americains, confondus au debut avec des Allemands.
Le 18 au matin Nangeville se trouvait dans le no-man’s-land entre un grand nombre de troupes et blindes americains cantonnes dans les bois des 24 (pres de Mainvilliers) et les Allemands barricades dans Gollainville et Orveau. La circulation des habitants avec voitures hippomobiles continuait sous le regard des deux camps; on le souvenir d’une carriole sortie de Nangeville vers Gollainville ou des mitraillettes etaient installees et essayees au moment du passage de cette carriole. Dans la crainte de faire croire aux Allemands que cette carriole aurait pu donner des informations a leur ennemi, les occupants de la carriole deciderent de continuer vers Orveau puis Bleville, Mainvilliers et Nangeville de facon a ne pas etre vus des Allemands de Gollainville. Ce periple fit que la carrole passa, donc apres la zone Allemnde dans la zone Americaine, au bois des 24, rempli de G.I., sans rencontrer d’obstacle. Pour leur ravitaillement en eau, pendant 3 jours, Allemands et Americains venaient a Nangeville alternativement pour remplir leurs reservoirs aux bornes-fontaines de Nangeville, heureusement sans se rencontrer.
Le 19, dans la matinee les Americains deployes comme pour un rabat de chasse se dirigerent sur Gollainville sans renconrer de resistance puisque les Allemands s’etaient sauves. Cependant ils tirerent quelques balles dont les traces sont encore visibes sur un hangar qui se trouve encore sur le chemin de Nangeville a l’entrée de Gollainville. Un petit avion Piper-cup d’un officer US survolait la zone.
Dans un autre texte, Roger precise que le soir de l’arrivee des Americains (a priori le 17), vers 21h00, il se promenait sur la route de Champmotteux avec les enfants de Jean Lefebvre, au niveau de l’orme. Des troupes sont arrivees en provenance de Champmotteux, et ce n’est qu’au retour a Nangeville que l’on s’est rendu compte qu’il s’agissait des soldats americains. Ceux-ci ont alors creuse des trous individuels de protection dans le champ de bois de la Mare et des conversations ont permis de savoir qu’ils venaient de l’etat de l’Ohio. Le medecin militaire americain soigne Rene-Yves Lefebvre, enfant, qui s’etait fendu la levre en tombant dans un hangar.
Le periple en carriole decrit par Roger dans le texte est en fait celui de Roger lui-meme avec son pere Lucien Huet qui devaient se rendre chez le marechal-ferrand Lasserre a Orveau. C’est en faisant la boucle retour par Mainvilliers qu’il ont retrouve les Americains qui stationnaient au bois des 24.
Il precise aussi que les troupes allemandes ont quitte Gollainville le 19 aout vers midi.
PHOTO : Carte de l’avancée des troupes américaines en août 1944 au sud de Corbeil
Photos ci-dessus : bon de carburant pour tracteurs -1947, bon de chaussures pour enfants (Source : Guy Ciret), système de visée trouve a Nangeville, datant sans doute de 1944 (Source : Marc Guaignier et Carole marchand)
C – RECENSEMENT DES CRIMES DE GUERRE DE 1940
En 1948, le gouvernement francais fait recenser les dommages causes par les troupes d’occupation allemandes en vue d’indemniser les victimes. Pour Nangeville, ou l’armee allemande a sejourne du 15 juillet au 27 septembre 1940, deux plaintes sont enregistrees, de la part de Mr Lours dont la ferme a ete occupee par les troupes et de Mme Huet dont la maison a ete partiellement requisitionnee et les batiments de ferme mis a contribution. Les dommages concernent les batiments et les equipements agricoles.
Les documents ci-joints sont les proces-verbaux de gendarmerie de 1948 detenus par les Archives Nationales, et d’autre part un extrait du livre “Crimes dans Guerre dans le Pithiverais” d’Antoine Bruneau (fourni par Marie-Christine Huet). On y decouvre que le chef du detachement allemand, qui faisait partie d’un regiment d’artillerie, etait le lieutenant Otto Siegfried.