LES DERNIERS PORTEURS DU NOM DE NANGEVILLE : ANTOINE MAROTTE DU COUDRAY ET ELISABETH DE RIBEROLLES, MARIE-LOUISE NATHALIE BORDAS DE NANGEVILLE
Au fil des ans, nombreux sont ceux qui ont porte, accolé à leur nom, le titre de « seigneur de Nangeville », souvent parmi d’autres titres, par le seul fait qu’ils possédaient des fiefs dans le village. Mais les familles dont le nom a inclus Nangeville ont été rares. Cependant le nom a ete porte jusqu’en 1889.
Un nom d’origine germanique
- Le nom du village a probablement été donné par un seigneur d’origine germanique, entre le Ve et le VIIIe siècle. Dans son livre « Les noms de lieux du Loiret – Recherches sur l’origine et la formation des noms de lieux du département du Loiret », Jacques Soyer cite Nantigisus (villa Nantigisi), comme nom originel.
La famille de Nangeville, jusqu’au XVe siècle
- La famille de Nangeville, citée entre les XIIe et XVe siècles, portait le nom du village, et descendait peut-être de celui qui lui avait donné le premier son nom. Les traces de cette famille sont bien connues : premières citations conservées au XIIe siècle, pierres tombales de l’église, histoire des trois frères Aubert, Thibaud et Robert de Nangeville, sénéchaux du roi vers la fin du XIIIe siècle, etc.. Dans le courant du XVe siècle, il n’y a plus d’échos de cette famille, qui s’est certainement éteinte .
Antoine et Elisabeth Marotte de Nangeville, un couple porteur du nom, au XVIIIe et XIXe siècles
- Il faut attendre le XVIIIe siècle pour retrouver des porteurs du nom de Nangeville, sans que l’on puisse en expliquer exactement l’origine. Il s’agit de membres de la famille Marotte.
- Marie-Claire Marotte, sœur d’Alexandre Marotte du Coudray, lieutenant du roi à Pithiviers, est dénommée “Marotte de Nangeville » dans l’acte de deces d’Alexandre en 1751 (elle est elle-meme deja décédée à cette époque). Peu d’informations sont disponibles sur elle : Marie-Claire est citée en 1722 dans un acte de baptême, à Neuville-aux-Bois, en tant que marraine d’un neveu, et n’a probablement pas eu de descendance. Peut-être le nom de Nangeville venait-il de l’achat d’un fief à Nangeville fait par ses parents à son profit ?
- Son neveu , Antoine Marotte du Coudray, fils d’Alexandre, est deja cité en 1733 comme seigneur de Nangeville, alors qu’il n’a que 12 ans, dans un texte rédigé après la mort de sa mère, bien que ses parents ne portent pas le nom de Nangeville, ni, semble-t-il, son grand-père, également père de Marie-Claude. On ne sait pas d’où lui vient ce titre, qu’il intégrera plus tard dans son nom. Peut-etre sa tante Marie-Claude, qui a pu deceder avant 1733, lui aurait-elle cede une terre a Nangeville ? Antoine, troisième fils d’Alexandre Marotte du Coudray, nait en 1720 a Paris, dans la paroisse St Paul. Il se marie en 1759 a Elisabeth de Riberolles. Militaire, capitaine au regiment de Champagne, il est lieutenant du roi et fait fonction de gouverneur militaire de la place de Thionville dans les années précédant la révolution. Il se fait appeler « Marotte de Nangeville ». Après avoir refusé de prêter serment à la constitution en 1791, il se retire à Metz. En 1793 le departement du Loiret le radie de la liste des emigres bien qu’il n’ait jamais quitte Metz, et en 1796, le directoire prend une decision de radiation definitive. Il meurt en 1799 a Metz, age de 79 ans. Son épouse décède en 1825, à l’âge de 85 ans à Metz.
- Après la mort de du père d’Antoine en 1751, on trouve dans l’acte de partage des biens de celui-ci une référence à la cession de quelques terres situées à Nangeville au profit d’Antoine. Il s’agit d’une petite ferme (d’une valeur de 1400 livres, soit environ 30 ou 40000 euros d’aujourd’hui) exploitée par Jean Sedar, et qui semble avoir été attribuée après un partage en 1841. Dans le document, aucun nom de fief n’est associé à cette ferme, mais peut-être de celle-ci provient le titre de seigneur de Nangeville, en supposant qua ferme soit partie d’un fief plus important, comme la Tour Carrée (mais il n’y a pas de preuves a ce stade).
Le deces de Madame de Nangeville en 1825
- Elisabeth de Riberolles, épouse d’Antoine, meurt a Metz à 85 ans, en 1825. Dans son édition du 4 mars 1825, le journal « L’Abeille de la Moselle évoque la mise aux enchères de ses meubles. Dans l’article (joint a cet article) elle est dénommée Madame de Nangeville. Dans son acte de deces on parle de la « veuve Nangeville ».
- C’est la dernière personne a avoir porté le nom de Nangeville.
Un petit mystère : Naundorff et Nangeville
- Jules Trefouet dans ses « Souvenirs (1817-1878) » publiés en 1883, qui était allié aux Marotte du Coudray, prétend que deux de ses cousines (Alexandrine et Josephine L’Orbelte, filles d’Antoinette Marotte du Coudray) lui ont révélé en 1845 que Mr Guillaume Naundorff qui venait de mourir en Hollande était leur oncle.
- Naundorff était l’une des nombreuses personnes qui ont prétendu être fils de Louis XVI. Il se faisait appeler Alexandre Marotte du Coudray, comte de Hust, comte du Saint-Empire, seigneur de Nangeville.
- Selon Alexandrine et Joséphine L’Orbelte : « Le comte de Naundorff était notre oncle; il avait les noms de Charles-Alexandre Marotte du Goudray, né au Coudray, arrondissement de Pithiviers, le 15 septembre 1765; marié vers l’âge de vingt-cinq ans, à une demoiselle très riche de Senlis, qu’il laissa en 1790, après avoir déposé avec son frère Georges ses titres de noblesse et autres papiers chez le notaire Payen de la ville de Senlis, au mois de mai 1789. Alexandre alla rejoindre ses tantes émigrées à Courtray (Belgique), où demeurent les demoiselles Basta de Hust, la comtesse de Liedekerque, le marquis de Bryas, tous parents de sa grand’mère Basta. Mais Alexandre fut contraint de quitter la Belgique à la suite des événements de la Révolution ; comme son frère Georges, chercheur d’aventures, homme toujours remuant, voyageant, il alla demeurer successivement en Hollande, à Vienne, à Dusseldorff et à Hust, petite ville de Transylvanie, sur la frontière de Pologne »…
- Jules Trefouet indique que Philippine du Coudray, sa mère, née de Montry, morte à Paris en 1770, avait été dame d’honneur de la reine et l’intime amie de Louis XV avec lequel elle était toujours en compagnie et dans son carrosse : sa beauté remarquable fut chantée par les poètes Dorât et Colardeau. Ceci expliqué, il n’est pas étonnant qu’en arrivant à Dusseldorf, Alexandre ait voulu laisser croire qu’il était le fils de Louis XVI; tous les secrets de la cour lui étaient connus par son père et par ses tantes, la marquise de V… et la comtesse de J…, séparée de son mari.
- S’il semble aujourd’hui que Naundorff etait un faussaire, il reste a prouver qu’il etait seigneur de Nangeville…
Mais aussi, une famille Bordas de Nangeville
- Jean-Francois Bordas, ne en 1779, maire de Saint Symphorien, apparait sous le nom de Bordas Nangeville dans un acte de mariage en 1828, alors que Nangeville n’est pas associe a son nom quelques annees auparavant lors du bapteme de sa fille en 1814.
- Lors du mariage de sa fille unique Marie-Louise Nathalie Bordas en 1835, le nom de celle-ci n’est pas non plus associe a Nangeville. En revanche elle est denommee Bordas de Nangeville dans son acte de deces en 1889. Il est probable que son pere avait achete une propriete a Nangeville entre 1814 et 1828, ce qui l’a conduit a modifier son nom, transmis a sa fille, qui a ainsi ete la derniere porteuse du nom de Nangeville.