Les querelles theologiques des XVII et XVIIIe siecle ont, elles aussi, effleure Nangeville. Elle ne constituaient certainement pas un sujet de conversation frequent parmi les habitants, mais plusieurs religieux lies au village s’y sont engages, dans des voies opposees.
Doctrine chretienne developpee au XVIIe et XVIIIe siecles, le jansenisme, dont plusieurs personnalites importantes ont ete proches, comme Blaise Pascal ou Racine, est rejete par la papaute et le pouvoir politique en France. Ce rejet se traduit par de nombreuses peripeties comme la destruction du couvent de Port Royal des Champs en 1708. En 1713, le pape Clement XI publie la bulle « Unigenitus » qui rejete les principes du jansenisme, avec la condamnation des 100 propositions du pere janseniste Quesnel : cela souleve l’incomprehension de plusieurs eveques et clercs, et declenche des oppositions menees par le cardinal de Noailles, archeveque de Paris.
Le nom de Nangeville est associe aux debats :
- Du cote des partisans: Leon Cottereau de Nangeville, pretre, prieur des augustiniens a Paris, est cite (Acta et decreta sacrae facultatis theologiae Parisiensis, en page 65) parmi les 162 docteurs ayant accepte, par une lettre du 1er juillet 1730, les conclusions de la faculte de theologie de la Sorbonne soutenant la constitution Unigenitus et la decision du Parlement. Leon Cottereau de Nangeville apparaissait deja en 1729 comme soutien a la bulle Unigenitus (page 17 – numero 394 – du document nomina et ordo magistarus ordem facultatis theologiae de 1729)….).
Leon Cottereau de Nangeville est tres probablement un descendant direct de la famille Cottereau qui a possede la ferme de la Tour Ronde a Nangeville a partir de la fin XVIe siecle et jusque dans la seconde moitie du XVIIe siecle, lorsqu’elle a du la ceder a la famille Arnould, a la suite d’une faillite.
- Du cote des contestataires: Bonnafoux, cure de Nangeville pendant 43 ans (de 1727 jusqu’en 1771), s’oppose a Jean-Joseph Languet, archeveque du diocese de Sens, auquel Nangeville est rattache, dont les vues sont conformes a celles du pape et de la bulle Unigenitus.
Le 1er mars 1732, Bonnafoux signe (voir page 174 du document La Constitution Unigentius..), avec d’autres prelats, dont le cure de Malesherbes, une critique d’une lettre pastorale de l’archeveque.
Un an plus tard, le 21 mars 1733 (page 184 du document « La Constitution Unigentius deferee… »), il signe avec au moins 80 pretres du diocese (mais il est, semble-t-il, le seul cure des environs immediats de Nangeville), une lettre virulente de remontrances a l’archeveque pour critiquer le nouveau cathechisme que celui-ci impose a ses paroisses, conforme a Unigenitus, et tres different du precedent qui etait en vigueur depuis 60 ans.
Quelques references :
Acta et decreta sacrae facultatis theologiae Pariensis
La Constitution Unigentius – Recueil d’actes d’appels
Nomina et ordo magistrorum facultais theologiae (page 17)